Login

Après les tempêtes, coops et négoces font les comptes

Rémi Cristoforetti, directeur général de la coopérative Le Gouessant, chiffre les dégâts pour l'entreprise à quelques dizaines de milliers d'euros, « voire peut-être 100 000 € au total ».

Les deux tempêtes successives ont fait quelques dégâts chez les coopératives et les négoces de l’Ouest, qui ont surtout dû s’adapter pour assurer une continuité de l’activité, notamment après le passage de Ciaran. Domingos a plutôt provoqué des inondations, renforçant les inquiétudes sur les semis de céréales. Tour d’horizon des avaries, de la Bretagne aux Charentes.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Après Ciaran durant la nuit du 1er au 2 novembre, c’est Domingos qui a touché la façade Atlantique, la nuit du 4 au 5 novembre. Les sites des coopératives et négoces n’ont pas été épargnés, et entre les dégâts, les problèmes logistiques, et les coupures d’électricité et d’internet, assurer la continuité de l’activité n’a pas été de tout repos. Si en Bretagne, c’est la puissance des vents qui a causé le plus de dommages, en Charente, ce sont les excès d’eau. Les OS des deux zones expriment des inquiétudes fortes quant aux semis de céréales, impossibles à réaliser pour le moment.

Les groupes électrogènes à plein régime

En première ligne face à Ciaran, le Finistère a été durement touché. Le 8 novembre au soir, la préfecture indiquait que 24 000 clients d’Enedis restaient toujours privés d’électricité. « Nous avons eu quelques dégâts, mais c’est ridicule par rapport à nos clients », analysait lundi 6 novembre Loïc Morisseau, président du groupe La Source Bretagne, basé à Plouénan. L’un de ses clients a vu sa serre de 8 ha tomber.

Sur ses sites, Loïc Morisseau fait part « de bardages qui ont bougé, et de portes tombées ». L’électricité a été coupée, mais par chance le négoce, inquiet de la guerre en Ukraine, avait investi récemment dans des groupes électrogènes. Une chance, car à Plouénan il a permis de faire marcher les pompes à fioul du négoce, qui en livre, alors que les clients étaient en demande pour faire fonctionner leurs propres groupes électrogènes. Lundi, le siège fonctionnait toujours grâce à lui.

Maïs sauvé in extremis

Chez Douar Appro, à Pontivy (Morbihan), « nous avons eu quelques dégâts sur des bâtiments, mais c’est très modéré, évoque le directeur commercial, Marc Ancel. La contrainte, c’était surtout les coupures des réseaux électrique, téléphone et internet, et les chutes d’arbres sur le réseau routier. Nous avons un peu été coupés du monde les premiers jours. »

Cela a eu des conséquences sur la collecte en cours de maïs, avec des séchoirs impossibles à faire fonctionner. « On a perdu 48 heures, explique Marc Ancel. On a sauvé la récolte in extremis, heureusement que les taux d’humidité étaient faibles. » Le directeur commercial se réjouit de la solidarité à l’œuvre après le passage de Ciaran.

Le Gouessant : jusqu’à 14 dépôts sans électricité

À Ploudaniel (Finistère), sur un site Le Gouessant, des portes coulissantes ont été enfoncées par le vent. À Lamballe (Côtes-d’Armor), ce sont quelques tôles d’un bâtiment de la coopérative qui ont été arrachées. « Mais dès le lendemain, c’était réparé, indique Rémi Cristoforetti, son directeur. Il y a davantage de dommages chez les éleveurs. » Il chiffre les dégâts pour la coopérative à quelques dizaines de milliers d’euros, « voire peut-être 100 000 € au total ».

Mais ce sont surtout les coupures d’électricité qui ont été là aussi été plus compliquées à gérer. « Il y a beaucoup d’élevages où il n’y a pas de groupes électrogènes. Il a fallu distribuer l’aliment à la main, alors que les volumes représentaient 2 tonnes par jour. On ne mesure pas », raconte le dirigeant breton. Sur les 23 dépôts de la coopérative, 14 étaient sans électricité jeudi 2 novembre au matin. Mardi 7 à midi, encore deux sites n’étaient pas revenus à la normale : à Paimpol, où une puissance de 220 V seulement était disponible, et dans un autre site, mais qui ne sert qu’à la collecte.

Le week-end pour rattraper le retard

Les plannings de production d’aliments et de livraison ont été bousculés. « On a travaillé samedi et dimanche soir pour rattraper le retard. Jeudi soir, nous avions 1 800 t de retard de livraison en aliments vrac », indique Rémi Cristoforetti, conséquence des restrictions de circulation et de problèmes d’accessibilité chez certains éleveurs. Le directeur tient à saluer le travail des autorités, avec notamment le système FR-Alert, qui a permis de s’organiser en amont, et des équipes Enedis.

À la Cooperl aussi, l’arrêt de l’usine d’aliments de Plounérin (Côtes-d’Armor) pendant 24 heures a entraîné un retard, récupéré grâce à la journée de samedi, travaillée. Mardi 7 novembre, Bertrand Convers, délégué aux relations extérieures groupe, faisait part d’un « quasi-retour à la normale ». Toute la Bretagne n’a pas été touchée aussi durement : chez Agri.com, basé à Bohal (Morbihan), « il n’y a pas eu de soucis particuliers », rapporte le gérant, Joël Guiheneuc.

Une fosse de réception sous l’eau

Comparée à Ciaran, Domingos est passée plus au sud, sur la façade Atlantique. Avec des dégâts moins dus aux vents qu’aux précipitations. « Nous avons eu peu de dégâts : seulement un bout de toiture, et une remorque de camion couchée », relate Christian Cordonnier. Pour le directeur général de Terre Atlantique, basée à Saint-Jean-d’Angély (Charente-Maritime), « le plus significatif, ce sont les excès d’eau ». Fait inédit, une fosse de réception d’un silo s’est retrouvée pleine d’eau. « Ce n’est pas gênant car la collecte est quasi finie, mais il va falloir démonter quelques moteurs. Je n’avais jamais connu ça », analyse Christian Cordonnier.

Il est plus inquiet pour les céréales, avec 300 mm tombés en un mois, et seulement 15 à 20 % des semis déjà faits. « Il y a des inquiétudes autour des emblavements, avec de grosses disparités : certaines zones sont à moins de 20 % des surfaces semées, d’autres 80 % », confirme Philippe Sommer. Pour le délégué général de La Coopération agricole Nouvelle-Aquitaine, si avec la tempête, « cela a pas mal soufflé, ce qui pose vraiment question, c’est la pluie depuis un mois ». Même son de cloche au Naca, où Simon Aimar, directeur du groupement de négociants, évoque « quelques morceaux de toitures à droite à gauche, mais rien de méchant ». Les semis n’inquiètent pas que dans la région. En Bretagne, Marc Ancel est aussi préoccupé : « Il n’y a même pas 5 % des céréales implantées. »

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement